RECONNAISSANCE DES DIPLÔMES EN TRAVAIL SOCIAL AU NIVEAU BAC+3

La consternation m'anime

/ #58 Reconnaissance des diplômes en travail social

2014-01-15 12:19

Je suis consterné.

Est-ce que ce qui importe et primera encore malheureusement, ce sont les métiers qui rapportent de l'argent et pas ceux qui en font perdre à l'Etat ? C'est peut-être ainsi que la fonction de travailleur social est perçue par celui-ci; et c'est bien dommage!

En tant qu’Assistant socio-éducatif, pour ma part, outre que l’instruction d’aides financières qui soulageront un temps les familles qui peuvent se présenter au service social, j'ai l'impression de me réveiller le matin pour apporter bien plus. Je parle de soutenir la personne en voie de désinsertion sociale afin qu’elle puisse maintenir le cap et se remettre sur les rails, d’apporter de l’espoir à des personnes qui se sentent parfois jugées, une écoute à des personnes qui parfois se sentent seules, d’ouvrir des droits à des personnes qui n’osent pas en faire la demande de peur d’être traitées d’assistées (sans doute parce qu’elles ont pu entendre le discours de politiciens ou autres qui ne savent pas de quoi ils parlent ; et pour cause parce que ceux-ci n’ont jamais connu de licenciement, ou ce que c’est que de ne pas avoir la chance de détourner des carences éducatives afin de pouvoir exercer un métier ou créer une entreprise qui rapporte ; jamais connu ce que c’est que de manger du pain sec comme déjeuner ou de ne pas manger de viande à cause du prix…).
Certes il existe des « profiteurs du « système » », mais il existe également et surtout des personnes dans le besoin qu’elles soient confrontées à des difficultés financières, conjugales, éducatives…et bien d’autre encore.

Nous travaillons avec cet humain-là, avec l’humain et toute la complexité qui l’anime. Que faut-il dire de plus pour que cette réalité soit acceptée…ah oui « évaluer la réingénierie des diplômes de travail social »! Quelle belle réponse à une sollicitation justifiée !

Je suis parfois épuisé quand je sors d’entretiens difficiles et démarches à faire et à refaire avec les familles mais à côté de ça conscient d’avoir fait un travail bien plus important que celui de vendre un bien ou spéculer ou que sais-je encore qui m’aura rapporté financièrement et aura rapporté un quelconque bénéfice financier à cet Etat. En disant cela je ne dénigre pas les métiers qui brassent de l’argent. Je mets juste en avant l’évidence du désintérêt accordé au métier de travailleur social.

Travailleurs sociaux, n’avons-nous pas déjà entendu cette phrase selon laquelle nous ne voyons que la misère du monde qui nous empêche parfois de relativiser et de nous dire que la société ne va pas si mal ??? Qu’on le veuille ou non c’est une vérité et ça le sera d’autant plus…parce que même s’il nous arrive parfois de recevoir des personnes pour qui tout ne va pas si mal ou de voir des sourires ou choses positives, nous voyons la misère du « monde » (monde parce qu’il nous arrive de recevoir des personnes issues de l’immigration) et nous travaillons avec les moyens qui nous sont donnés pour répondre aux demandes sociales qui nous sont faites.

Mais bon tiens ! Je vais relativiser pour essayer d’excuser la non-réponse à cette demande qu’est la revalorisation de nos métiers confrontés à une misère substantielle qui ne représenterait pas la société !

Sans doute que les travailleurs qui ne sont pas confrontés aux problématiques sociales que nous pouvons rencontrées ont du mal à relativiser et à se dire que la société ne va pas si bien qu’ils ne l’imaginent ? Sans doute que ces métiers confrontés à la « vraie réalité sociale » valent plus que nos métiers ?
Je suis donc consterné : notre métier est sous-valorisé.

Présentons nos journées, nos emplois du temps, nos métiers à ces décideurs qui justifient parfois de leurs salaires (eh oui parce que certains ont plusieurs salaires « justifiés » par plusieurs fonctions et missions…) par leurs années d’études, leurs sacrifices, leurs horaires démesurés ou autres…et peut-être se rendront-ils compte que les béquilles que nous sommes, nous faisons autant sinon plus qu’ils ne peuvent se l’imaginer et que cela justifie la demande de revalorisation au niveau II…