Contre l'abattage des cèdres de la Citadelle de Forcalquier

Communiqué de la SPPEF 04 31 aout

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2014-09-01 05:13

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Suite à l’article publié par la quotidien LA PROVENCE (édition Alpes du samedi 30 août), la SPPEF souhaite formuler les observations suivantes :

 

1.      La demande « d’instance de classement » du site a été adressée à la Ministre de l’Ecologie, Mme Ségolène ROYAL, non seulement par la SPPEF, mais aussi par l’Association LUBERON NATURE, agréée au titre de la protection de l’environnement,  qui intervient sur le périmètre du Parc Naturel Régional du Luberon. L’article ne mentionne pas la présence sur le site lors de l’interview demandée par le journal de Monsieur Jean DAUM, Président de LUBERON NATURE.

 

2.      Ni la SPPEF, ni LUBERON NATURE, n’ont été informés par le Ministère de l’Ecologie ou par la Préfecture qu’un Inspecteur Général des Sites allait se déplacer sur le site de la Citadelle de Forcalquier. La SPPEF s’étonne de ne pas avoir été invitée sur le site, conformément aux principes démocratiques du débat contradictoire, pour exprimer ses observations à l’Inspecteur Général des Sites.

 

3.      La SPPEF n’a pas demandé que soit « évalué la pertinence du projet de « mise en valeur de la Citadelle » », mais que soit engagée une étude dénommée « instance de classement » pour requalifier le site de la Citadelle comme site « classé » afin de mettre la Citadelle de Forcalquier sous la protection d’une réglementation véritablement contraignante.  C’est sur cette demande que devrait se prononcer l’Inspection Générale.

 

4.      La SPPEF a démontré que le patrimoine végétal constitué par la cédraie, n’avait pas été évalué dans le cadre des études préalables qui ont abouti à la production du document « Mise en valeur de la Citadelle / Etude d’Esquisse-Programme / Juin 2011 ». C’est la SPPEF qui est intervenue auprès de l’ethnobotaniste désignée par le Parc pour évaluer la cédraie et conclure le 1er juillet 2014 à son classement à l’inventaire des arbres remarquables de la Réserve de Biosphère de l’UNESCO Luberon-Montagne de Lure. On rappellera que cet inventaire est mené dans toutes les régions françaises par une administration de l’Etat, la DREAL, rattachée au Ministère de l’Ecologie. La DREAL PACA l’a délégué au Parc pour la Réserve de Biosphère de l’UNESCO Luberon-Montagne de Lure.

 

5.      Ce dossier illustre un problème d’ordre national : le classement en tant « qu’arbre remarquable » n’implique aucune protection juridique. Le propriétaire est libre de le couper ! C’est ainsi qu’Alain BARATON, Jardinier en chef de Versailles, a publié en 2013 un livre intitulé « La Haine de l’arbre ». Dans le chapitre « Aux arbres, citoyens », il milite pour « offrir aux arbres remarquables un statut juridique qui les protège vraiment et définitivement de la folie des hommes ». Le rapport de l’Inspection Générale devrait alerter la Ministre sur ce sujet important.

 

  1. Cette demande de réévaluation du site est d’autant plus justifiée que le projet de loi biodiversité, actuellement en discussion au Parlement,  prévoit la suppression des sites inscrits. On devra donc examiner tous ces sites inscrits avant de prononcer leur suppression.

 

Le classement du site rendrait obligatoire la saisine de la CDNPS 04 pour avis, et donc autorisation, contrairement à un site seulement « inscrit » pour lequel les travaux sont soumis au seul avis consultatif de l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) en sa qualité de représentant départemental de la DREAL.

 

  1. On peut comprendre l’hésitation à engager la procédure, nécessairement longue, car impliquant la mise en œuvre d’une méthodologie (qui ne peut se résumer à une inspection sur le site), et la saisine de la Commission Départementale de la Nature, des Sites et des Paysages (CDNPS) : elle suspend tous travaux pendant 12 mois.

 

  1. La SPPEF n’a jamais prétendu qu’ « un changement de classification empêcherait la mise en valeur de la Citadelle » , mais seulement que  la procédure serait beaucoup plus contraignante car la Ville devrait présenter le projet à la CDNPS qui rendrait cette fois un avis !

 

  1. La SPPEF n’a jamais dit que la Commune n’avait pas respecté la procédure applicable aux sites « inscrits ». Sa demande officielle auprès de l’ABF date du 18 décembre 2013. C’est l’ABF qui a pris l’initiative de saisir « pour information » la CDNPS dès le mois de janvier 2014. Il a fallu attendre la réunion du 1er juillet pour que ce sujet figure à son ordre du jour.  Au 1er juillet, l’ABF n’avait pas officiellement adressé à la Commune son avis consultatif, alors que la Commune, constatant que le délai de réponse était passé (ce qui vaut en droit administratif accord tacite), avait lancé un appel d’offres, puis notifié le marché ! Dans de telles circonstances, on peut se demander ce qui motivait le besoin « d’informer » la Commission. De plus, la Commune n’a été informée de cette saisine qu’en juin, après avoir notifié le marché !

 

Ce résumé des faits démontre bien que le statut de « site inscrit » donne tout pouvoir à une Commune. De ce point de vue, on comprend la volonté de l’Etat de supprimer les sites inscrits au motif de la « simplification administrative », comprendre que les ABF sont surchargés par cette procédure jugée inutile consistant à rendre des avis consultatifs pour lesquels les Communes peuvent légalement passer outre s’ils sont négatifs !

 

10.   La SPPEF demande que l’avis de l’ABF évoqué par le sous-préfet de Forcalquier et le rapport  de l’Inspecteur Général des Sites soient rendus public.

 

  1. La SPPEF maintient que c’est la décision prise de construire cette nouvelle calade, sans en justifier la raison, qui implique de  purger le sol des racines des cèdres et donc de couper des cèdres centenaires jugés « arbres remarquables ». La décision d’enfouir un réseau d’électricité et d’eau potable empêche d’envisager une autre alternative : renoncer à une calade en pierre posée à même le sol terrassé, mais par exemple poser une calade en caillebotis.

 

12.  La SPPEF ne comprend pas pourquoi la construction de cette calade est jugée prioritaire alors que les vestiges de la Tour de l’Evêque et de la Cathédrale St Mary sont dans un état lamentable de conservation, soumis à une pluviométrie exceptionnelle depuis ces dernières années dans notre région. A sa connaissance, aucune opération de sauvegarde n’est engagée.

 

13.  Considérant que la Commune de Forcalquier n’a pas répondu à la demande de rendez-vous exprimée dès le 28 juin, la SPPEF a lancé une pétition en ligne : www.pétitions24.net/cedrescitadelledeforcalquier

 

14.  L’Association Mérindol Environnement (AME), présidée par Monsieur Jean-Louis MILLET,  a rencontré sur le site de la Citadelle l’architecte du Parc, Monsieur COHEN, le vendredi 22 août. Monsieur MILLET lui a signifié par téléphone le lundi 25 août qu’AME s’oppose à l’abattage des cèdres et qu’un Collectif pour la sauvegarde des cèdres de la Citadelle de Forcalquier se constituait autour de militants écologistes très concernés par la protection des arbres.

 

15.  AME a informé la SPPEF que des marques en couleur avaient été enlevées (par qui ? quand ?) sur des cèdres identifiés sur le plan d’abattage communiqué à la CDNPS le 1er juillet.

 

16.  Ce « Collectif Cèdres » qui compte des membres de la coopérative LONGO MAÏ qui fête ses 40 ans d’existence, a invité la SPPEF à communiquer les principaux documents résumant sa lutte contre l’abattage significatif de la cédraie. La SPPEF lui a présenté le texte de la pétition. Le Collectif Cèdres a décidé d’appuyer le lancement de la pétition citoyenne dans un tract qui sera diffusé la semaine prochaine. Il organise une réunion d’information le jeudi 4 septembre à 19 heures au bas de l’Avenue des Quatre Reines à Forcalquier. Une émission sur Radio Zinzine est prévue le mardi 2 septembre à 17 heures.

 

17.  La SPPEF conteste cette démarche engagée par la Commune de réviser à la baisse le nombre de cèdres qu’elle veut faire abattre : pré-sélection de 37, quantité maximale sur l’appel d’offres portée à 50, et maintenant 20. Cela confirme qu’aucune paysagère sérieuse n’a été faite. La SPPEF maintient sa demande qu’une étude d’impact soit effectuée pour simuler l’évolution du paysage (vu de la Citadelle, et vu du bas de la Ville) consécutif à l’abattage des cèdres.