Lâche ton écran ! Pas de tablettes dans nos maternelles

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Le 17 janvier dernier, nous apprenions la signature entre Mr Benoît Arrivé (maire de Cherbourg-en-Cotentin) et l’éducation nationale d’un programme d’informatisation des écoles qui visera à introduire notamment des tablettes dans toutes les écoles de maternelle de la CUC.


Cette volonté de proposer un nouvel outil, de surcroît moderne part peut-être d’une bonne intention mais, pour nous, professionnels de la santé et de l’éducation, c’est véritablement une « fausse-bonne » idée. Les répercussions sur les enfants sont désastreuses sur le plan développemental. Plusieurs études tendent à démontrer des répercussions :


· Au niveau des apprentissages: les effets néfastes des écrans sont confirmés sur l’apparition du langage ainsi que sur le développement cognitif des enfants. Un enfant a besoin d’expérimenter et de manipuler des objets concrets pour améliorer sa connaissance du monde et des lois qui le régissent. La tablette ne permet pas cette expérimentation pourtant indispensable. Elle n’emploie que les niveaux visuels et auditifs, se passant ainsi de sens indispensables dont les humains sont constitués : le toucher, le goût, le sens kinesthésique et le sens émotionnel.
Utilisés à l’école, les études indiquent une infériorité des apprentissages informatisés “modernes” par rapport aux enseignements traditionnels liés au fait qu’un effort est nécessaire pour obtenir un engagement actif de l’apprenant et une mémorisation. En 2015, les études PISA et OCDE ont mis en évidence une corrélation négative entre le temps passé devant les ordinateurs et les performances scolaires, au grand dam des défenseurs du numérique pédagogique.


· Au niveau de la motricité : les enfants sur-exposés aux écrans ne développent ni leur motricité fine nécessaire à un bon graphisme ni leur motricité globale.


· Au niveau comportemental: les écrans limitent les interactions influant alors sur les interactions sociales (enfant manquant d’envie de communiquer, difficultés à établir des liens avec les camarades). Les écrans ont également un effet dévastateur sur l’agitation des enfants; ils sont habitués au “zapping” et ne savent plus rester attentifs sur une tâche notamment scolaire. Ils se sentent insécurisés et cela se témoigne par de l’agressivité et des comportements non ajustés.
La “fascination” que provoquent les écrans s’apparente à de l’hypnose qui rend passifs et en état d’inconscience les enfants. C'est leur attention involontaire qui est mobilisée contrairement à l'attention volontaire et active nécessaire aux apprentissages. Comment donc penser que ces objets peuvent aider dans les apprentissages?
De plus il apparaît nettement une addiction marquée avec les mêmes impacts au niveau neurologique que la prise de stupéfiants ou de drogues. Le sujet entre dans un état de manque et le sevrage provoque des crises comportementales parfois extrêmement violentes. Ces phénomènes d’accoutumance peuvent paraître rares mais sont réels et il va de notre devoir d’aider les enfants qui en sont victimes en évitant une exposition supplémentaire.


· Au niveau de la santé: les études démontrant l’effet délétère des ondes émises par le wifi se multiplient et la solution de l’introduction des tablettes dans les écoles semble assez malvenue. La lumière produite par les écrans est également particulièrement néfaste. Les recommandations en la matière font état d’une exposition maximale d’une heure par jour (seuil que possèdent déjà largement les enfants au sein de leur foyer). L’augmentation du nombre de cas de myopie ces dernières années reflètent ce fléau que représente la venue massive des écrans.
Le sommeil est également perturbé du fait de l’hyper-excitation que provoquent les écrans alors que nous savons bien que c’est durant le sommeil que les savoirs se fixent sur le long terme.

L’éducation nationale se doit de donner de bons exemples à transmettre aux familles. Quelle image renvoie l’éducation nationale quant à l’intérêt pédagogique des outils numériques aux parents soucieux de voir leurs enfants réussir? Peut-on penser que les applications peuvent se substituer à l’adaptation constante et bienveillante des enseignants et/ou des parents?
Comment l’école pourrait-t-elle prévenir du danger des écrans aux familles si elle –même les utilise?
Une application ne peut être bénéfique que si elle est accompagnée d’un superviseur qui sera là pour guider et ajuster ces outils. Introduire 4 tablettes par classe ne serait alors éventuellement bénéfique que si 4 adultes supplémentaires étaient présents pour accompagner ces apprentissages et il ne nous semble pas d’actualité d’augmenter le nombre d’instituteurs par classe.


Rappelons que toutes les classes pilotes ayant expérimenté le numérique en maternelle ont décidé d’abandonner le numérique à l’issue de cette expérimentation.
Il est primordial que l’école garde sa place d’appreneur et non de substitut. Les outils numériques ne sont pas un outil supplémentaire mais représentent du temps volé aux apprentissages reconnus pourtant plus profitables.

En tant que professionnels de la santé et de l’enfance, nous souhaitons par cette charte faire prendre conscience aux élus qu’il n’est pas trop tard pour éviter le pire pour nos enfants en évitant l’intégration des écrans en classe, surtout en maternelle.

Ainsi nous souhaitons le retrait total de ces tablettes et écrans en maternelle, ce programme n’apportant aucune plus value aux apprentissages liés à la petite enfance, bien au contraire.


Collectif Lâche ton écran !    Contacter l'auteur de la pétition